Le surlendemain Elizabeth reçut une lettre d’une de ses amies. Francesca Voccelli la connaissait depuis 3 ans mais elles étaient devenues amies dès le premier jour. Elles s’étaient rencontrées à l’école. Francesca était la correspondante d’une ancienne amie de Elizabeth. Après une violente dispute avec cette dernière, Francesca retourna dans sa famille mais continua d’écrire à Elizabeth. Elle trouvait en elle une confidente et cela lui faisait du bien. C’est elle qui fit le premier pas vers Elizabeth, puis elles apprirent à se connaître et leur amitié grandit au fil du temps. Tout comme Elizabeth, Francesca attendait le grand amour et se désolait de voir toutes les filles de son âge être avec des jeunes hommes. Elizabeth essayait de lui comprendre qu’il ne fallait se désespérer mais rien n’y faisait. Francesca voulait être un homme à son tour. Elizabeth lui proposa de passer les grandes vacances chez elle et la napolitaine accepta cette proposition. La lettre que reçut Elizabeth était la date à laquelle Francesca allait arriver. Ce fut le jour même. La réponse avait dû être égaré en cours de route pour arriver si tard au domaine des Seuret.
- Francesca arrive aujourd’hui ? demanda Louise perplexe à sa sœur.
- Oui, bien sûr ! Tu n’as pas lu la lettre ?
- Si, mais je trouve cela bizarre qu’elle arrive si tôt.
- Elle n’arrive pas si tôt ! La lettre s’est égarée, c’est tout.
- J’en suis sûre que tu l’as fait exprès pour énerver tout le monde.
- Ne dis pas de sottises et range ta chambre. Je vais mettre la plupart de mes affaires dans la tienne.
Louise regarda sa sœur avec un air outré.
- Qu’est-ce qu’il y a encore ? soupira Elizabeth exaspérée de l’attitude de sa sœur.
- Tu ne vas quand même pas mettre tout
ton bazar dans ma chambre ?
- Mon bazar, comme tu dis, est toutes les choses que tu m’as données car tu n’en voulais plus. Je te le redonne tout simplement. Francesca doit dormir quelque part et ce n’est pas sur
ton bazar qu’elle dormira.
Louise fusilla Elizabeth du regard et se réfugia dans sa chambre. Elizabeth dût ranger la pièce sans son aide. Elle retrouva parmi les objets encombrants de sa sœur son journal intime. Louise le lui avait volé. Furieuse, elle se précipita vers la chambre de sa sœur pour l’accabler de tous les maux de la terre.
Au moment, d‘empoigner la poignée, Mme Seuret interpella sa fille en lui disant qu’une voiture était devant la porte d’entrée. Elizabeth descendit l’escalier en vitesse pour venir accueillir son amie. Francesca était restée la même. Ses longs cheveux bruns retombaient sur ses épaules, ses yeux pétillants lui faisaient un visage ravissant.
- Francesca ! Quel plaisir de te revoir ! Tu m’as tellement manqué.
Toutes deux se serrèrent dans les bras.
- Mais nous ne t’attendions pas si tôt, déclara Louise qui venait d’arriver.
Elizabeth lui fit signe de se taire.
- Pourtant je l’avais écrit dans ma lettre. Vous ne l’avez pas reçu ?
- Si, mais elle a dû s’égarer en cours de route. Du moins, c’est ce que présume Elizabeth.
- Louise !
Mr Seuret n’intervenait presque jamais quand Louise faisait des siennes, mais aujourd’hui était un autre jour. Ils avaient un invité.
- Va finir de ranger ta chambre et après tu pourras reprocher à ta sœur ce que bon te semble.
Louise fit demi-tour en ronchonnant.
Après avoir saluée toute la famille Seuret, Francesca et Elizabeth allèrent se promener pour se raconter les dernières nouvelles.
- Elizabeth. Je désespère cruellement. Je vois des couples partout et je me dis que je ne serais jamais comme eux.
Elizabeth rit des soi-disant ennuis de son amie.
- Francesca. Dis toi que peut-être à la fin de tes études tu rencontreras le grand amour en la personne d’un jeune professeur.
- C’est dans longtemps ! Tu ne t’en rends pas compte !
- Un professeur avec des lunettes !
- Non ! Arrête ! Je n’aime les hommes à lunettes.
Toutes deux s’esclaffèrent de leurs sottises.
- Mais tu as peut-être raison. Un professeur. Ça serait bien. Un homme cultivé, donc charmant.
- Tous les hommes cultivés ne sont pas forcément charmants.
- Mais lui le sera. Ou alors un parent d’élève.
- Il devra être veuf alors.
- Alors non. Je ne veux pas qu’il pense à son premier amour. Je veux être la seule à le faire soupirer. Donc, il me faut un professeur.
- Imagine, tu le rencontres le jour de l’entretien avec le proviseur. Et là, coup de foudre, mais c’est lui qui obtient le poste. Que fais-tu ?
- Je me languis de nouveau sur mon sort.
De nouveau, elles eurent un fou rire.
Elizabeth porta la conversation sur un autre sujet : la soirée.
- Mon cavalier est désagréable. De plus il s’appelle Connor.
- Un bourge ?
- Non. Je ne pense pas. Son oncle est libraire.
- A-t’il un autre neveu pour moi ? plaisanta Francesca.
- Non. Je suis désolée. Mais je veux bien te passer mon cavalier.
- Oh ! Non merci. Sans façon.
- Il peut très bien devenir professeur tu sais.
Et toutes deux retournèrent à la propriété en se taquinant.